Voitures autonomes : la fin des voitures à l’ancienne ?
Politique du tout radar privilégiant le pognon à la pédagogie, baisse des limitations de vitesse, haine anti-bagnole prônée par une vision écolo de comptoir, voiture autonome, … Tout est bon pour rappeler à l’automobiliste qu’il n’est qu’un incapable. Bon à se faire sanctionné puis à se laisser conduire.
Une Volvo autonome a récemment tué un cycliste lors d’un essai routier. Pour certains, c’était prévisible : comment peut-on faire 100% confiance à la technologie ? Pour d’autres, ce n’est qu’une « erreur de parcours » qui sera bientôt corrigée. Rome ne s’est pas faite en un jour.
Je me situe plutôt dans la première case (« normal, le gars, il roule que dans des antiquités donc bon… »). A mon sens, l’énergie déployée pour faire avancer la voiture autonome doit surtout permettre d’améliorer les différentes aides à la conduite dont l’efficacité a largement fait ses preuves au cours des dernières années. Combien de vies sauvées grâce au freinage ABS, au correcteur de trajectoire ESP et aux différents avertisseurs ? La technologie doit accompagner, anticiper voire rattraper les erreurs d’appréciation mais jamais, elle ne doit se substituer au conducteur. On pourra toujours dire que les erreurs humaines sont la cause de la plupart des accidents et qu’on doit donc accepter qu’une machine puisse aussi en faire mais sommes nous prêts à cela ? La technologie étant une création humaine, elle est forcément imparfaite. C’est un peu le serpent qui se mord la queue, à moins qu’on considère encore une fois qu’une machine créée par de grands ingénieurs est forcément moins débile que le « conducteur lambda ».
La publicité contribue aussi à la « déresponsabilisation » (voire « débilisation ») du conducteur. En ce moment, plusieurs marques font la promo de leur nouveau système de freinage d’urgence qui arrête automatiquement le véhicule lors d’une détection d’obstacle. Chez Volkswagen, on joue sur l’axe « parents protecteurs », toujours inquiets pour leur progéniture. Dans cette pub, le fiston est un casse cou dans l’éternel, véritable danger public qui détruit tout ce qu’il a entre les mains. Plutôt que de lui couper les deux bras ou l’interdire de conduire, son père décide de lui offrir la dernière Polo qui détecte l’angle mort pour qu’il évite de taper un camion et qui freine à sa place quand il manque d’écraser une femme qui trébuche. Alors, certes, on ne peut pas demander à Jason d’anticiper tous les aléas de la route mais cette pub met clairement l’accent sur la responsabilité de la voiture, conduite par un jeune tétanisé. De là à ce que Volkswagen décline le spot avec un junkie à deux doigts de l’overdose, il n’y a qu’un pas.
Je continue à penser qu’un conducteur – en pleine possession de ses moyens – qui surveille ses angles morts, est attentif à son environnement et appuyé de technologies innovantes est toujours plus efficace qu’une voiture totalement autonome. On pourra toujours parler d’erreur humaine comme on parlera d’un défaut de capteur le jour où un drame arrivera. Ces technologies doivent rester des « accompagnements » et non des pilotes semi-automatiques – comme chez Tesla – qui font tout mais demandent juste au conducteur de surveiller « au cas où ». On regrette que Tesla n’ait pas pensé à la perfusion d’expresso. Enfin, qu’en sera t-il des responsabilités en cas d’accident grave ? L’électronique n’a pas fait son boulot ou le conducteur a manqué de vigilance ? Les assurances en profiteront-elles pour augmenter le tarif appliqué aux véhicules classiques pour rendre plus attractif celui des véhicules autonomes ? Tout un programme.
J’ai beau me creuser la tête: je cherche encore l’intérêt de la voiture autonome. Et toi, quel est ton avis sur la question ?
Mickaël
Voilà une vision des choses objective ! Une autre question reste en suspens : il est où le put… de plaisir de conduire ? On devient des put… d’assistés, de lobotomisés, avec l’IOT qui nous remplace, qui nous contrôle, qui nous fait CHIER !!!
Chuck Jordan
Je n’ai pas évoqué le plaisir de conduire – chose évidemment chère aux amoureux de voitures – parce que la réflexion derrière la voiture autonome n’est clairement pas de contenter les « bagnolards » mais juste d’aller d’un point A à un point B. On nous répondra toujours : que vaut le plaisir de quelques égoïstes contre des millions de vies sauvées ?
The lion King
Heureusement, certains constructeurs prennent aussi le contrepied de ce genre de véhicules… surtout Alfa Roméo:
https://www.youtube.com/watch?v=O-mfMLPIrrM
Quoi de plus normal avec un slogan pareil…
Je ne doute pas, en revanche, que dans un avenir proche, les voitures autonomes et électriques feront leur apparition et seront largement tolérées. La standardisation des véhicules (déjà largement terminée) et la diminution croissante des plaisirs de la route, justement, en partie à cause de l’afflux monstre de nouveaux conducteurs, de nouvelles règles, finira par avoir raison de nous.
D’ailleurs, je pense que si toutes les voitures étaient autonomes, cela pourrait fonctionner et même améliorer les choses, puisque les décisions prises seront logiques et pas erratiques. C’est la cohabitation des voitures autonomes et des conducteurs normaux qui sera beaucoup plus complexe: j’anticipe beaucoup mieux le comportement humain que celui d’une machine…
Chuck Jordan
Géniale cette pub Alfa !
Comme tu le dis, quand ces technologies seront plus au point, elles ne révéleront tout leur potentiel qu’entourées des mêmes dispositifs répondant à la même logique. En vieux c**, je reste toutefois persuadé qu’on ne peut pas laisser la machine prendre toutes les décisions à la place de l’homme. Convaincre les utilisateurs que le pilote automatique gère tout à leur place les poussera à ne plus jeter un oeil à la route et ne plus palier à une situation imprévue ou un bug de la machine.