Chrysler Turbine: en route vers les étoiles !
En pleine conquête spatiale, quoi de mieux que d’intégrer une turbine d’avion dans une voiture? C’est le pari fou tenté par le groupe Chrysler en 1963 lorsqu’il présente son modèle sobrement intitulé « Turbine ».
Son dessin ultra fuselé mais surtout ses deux ouïes étranges – à l’arrière – intriguent. Pas d’effet de style ici, cette voiture a bien les entrailles d’un aéronef même si les gaz sont en fait évacués par une double ligne à la disposition plus classique. Le carburant pulvérisé puis enflammé entre en contact avec l’air comprimé. La turbine est alors entraînée par la dilatation de l’air. Développant quelques 130 chevaux, ce coupé ne vous enverra pas sur la lune mais affiche tout de même un score honorable de 12 secondes au 0 à 100 km/h. Autres grandes forces: l’entretien requis est bien plus faible que sur un moteur classique (une seule bougie, pas de radiateur, pas de vidange!) et l’engin digère à peu près tout ce qui a des propriétés combustibles (essence sans plomb, gazole, kérosène, huile végétale, tequila… ) sans réglage. Si c’était si fantastique, on roulerait peut être déjà tous avec des moteurs à turbine. Ce n’est pas le cas.
Déjà habitués à des consommations assez élevées vues d’Europe, les américains auraient toutefois du mal à digérer un 50 litres au 100 en trajets urbains. Au quotidien, d’autres aspects semblaient fort désobligeants. Le moteur à turbine polluait (en oxydes d’azote) et n’offrait pas les mêmes performances selon la qualité de l’air. Ainsi, seul un air frais et dense permettait d’en exploiter tout le potentiel. Les démarrages en haute altitude posaient également problème tandis que de nombreux réflexes adoptés avec un véhicule essence pouvaient nuire au moteur à turbine. Enfin, l’air bouillant évacué par les deux ouïes pouvait poser quelques problèmes de sécurité dans le trafic. Un bon moyen – toutefois – de se débarrasser des cyclistes un peu collants.
Un projet moins fou qu’il en a l’air
50 exemplaires « finaux » (on compte en plus 5 prototypes) ont été réalisé et testé en conditions réelles par quelques 200 « cobayes ». Sur 1,1 million de miles parcourus au total, Chrysler aurait enregistré un temps d’arrêt de fonctionnement s’élevant à seulement 4%. Surréaliste au premier coup d’oeil, ce projet parait soudainement plus crédible. Et il suffit de voir la Chrysler Turbine en action pour se rendre compte qu’elle était finalement loin d’être ridicule. Souple et discrète (on est loin du bruit d’une turbine de Jet), elle se déplace comme n’importe quelle voiture américaine des années 1960. Cependant, face aux trop nombreuses lacunes et un prix de vente bien trop élevé, le projet sera avorté et la plupart des voitures, détruites. Le projet de développement du moteur à turbine par Chrysler ne s’achèvera néanmoins qu’en 1977.
A ce jour, 9 exemplaires auraient survécu dont 3 en état de marche. L’une d’entre elles fait parti de la collection privée de Jay Leno. Il nous la présente dans la vidéo ci-dessous.
Alex
Sacré engin !
Concernant la température des gaz d’échappement on apprend dans la vidéo qu’ils sont en fait plus frais qu’un moteur à piston.
Chuck Jordan
Autant pour moi je vais corriger ! Je n’ai pas l’anglais encore assez « fluent ».