Chevrolet Camaro IROC-Z 1989: la frimeuse des eighties

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Chevrolet Camaro IROC-Z 1989: la frimeuse des eighties

Jason est ce beau gosse blond qui agace dans les séries TV américaines des années 1980. Il a toutes les filles à ses pieds et une Camaro rouge vif sur le parking du campus.


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Ultime concurrente de la Ford Mustang, la Chevrolet Camaro mettra 3 ans de plus pour succomber aux joies du style cubique avec le lancement de sa troisième génération en 1982. Sa ligne plus basse et ses dimensions plus « élancées » lui donnent cependant une allure plus sportive que la Mustang. Une sorte de Corvette C4 taillée à la serpe vue de profil. De profil uniquement ! A l’avant, les habituels « sealed beams » (ces formats de phares standards intégrant l’ampoule) s’encastrent dans leur profond logement sans rompre la fluidité de la ligne du capot… mais nuls phares escamotables ! La calandre passe sous le pare-choc pour offrir une devanture parfaitement plane à l’ère du biodesign.

Aucun noeud de pap’ Chevrolet sur le museau. Luxe suprême: la Camaro a droit à son propre emblème, repris sur la première génération. Dans la lignée des Camaro ’81, adieu les chromes. Le plastique est fantastique ! On peut y voir plus de pureté ou de l’ennui, c’est selon. Néanmoins, l’ensemble lui donne plutôt un air méchant. Sa gueule béante en guise de calandre ne demande qu’à gober de la GTi. Les deux antibrouillards (d’origine) sont là pour rappeler à vos amis franchouillards qu’elle joue dans la même catégorie… avec 3-4 cylindres de plus.

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Anguleuse à souhait, la Camaro 3ème génération dégage une vraie agressivité.

Lorsqu’elle vous double, la Chevrolet (oui, c’est une Chevy avant d’être une Camaro) vous offre un joyeux spectacle quand vient l’heure de freiner. La mode est aux sapins de Noël en guise de feux (on a même droit aux clignotants oranges et pas rouges) et comme Tetris fait un carton chez les jeunes, chaque bloc est divisé en 8 carrés. Ce qui n’est pas sans rappeler une certaine DeLorean. Rendu obligatoire en 1986, le troisième feu stop surplombe l’ensemble au cas où le type qui vous suit n’aurait pas vu les discrets feux du dessous.

Une Camaro pas tout à fait comme les autres

La Cam’ que j’ai devant moi n’est pas celle de « Monsieur tout le monde » puisqu’il s’agit d’une IROC-Z en déclinaison cabriolet et… rouge vif! C’est la configuration typique qu’on placerait dans le showroom pour attirer notre Jason. Et c’est pour ça qu’on l’aime. Spoilers avant-arrière, jantes alu 16 pouces, stickers IROC-Z par ci par là (on ne voit d’ailleurs plus l’appellation Camaro), … Frimeuse à souhait, notre Camaro ne passait pas inaperçue à l’époque alors imaginez 25 ans plus tard. Dans la gamme, l’IROC-Z – pour International Race Of Champions – est un package d’options proposé sur les versions Z28 dès 1985. Il inclut de nombreuses modifications (notamment les suspension et direction optimisées pour la course, jantes et pneus spécifiques et un système d’injection optionnel emprunté à la Corvette) accentuant le caractère sportif de la voiture. Le cabriolet fait son grand retour pour l’année 1987.

A partir de 1988, l’IROC-Z remplace purement la Z28 (même code dans le numéro de série). Il est important de rappeler qu’en Amérique du Nord, le terme « Camaro » n’est pas systématiquement associé à un véhicule sportif. Les premières versions de base Berlinetta à V6 2,8l (103 ch) font un carton et envahissent rapidement les rues. Entre leur mécanique mollassonne – et je n’ai pas évoqué le 4 cylindres Iron Duke des débuts – et une apparence bien plus conventionnelle, on les voit plus comme de sages coupés que des muscle cars.

Poste de pilotage sans chichi

Ce jour là, la météo est avec nous, ce qui nous donne l’occasion de décapoter en plein hiver! Tout se fait à la main en quelques minutes, sans grand effort, dévoilant rapidement l’habitacle de la bête. Le rouge – raccord avec la carrosserie – contraste avec le noir de la planche de bord. Le tissus rouge blanchit au niveau des assises et autres parties exposées aux manipulations, créant un curieux mélange. Les années 1980 ne sont pas réputées pour la qualité des intérieurs et cette Camaro n’y échappe pas. Massive, la planche de bord fait très « toc » avec ses plastiques bas de gamme, peu agréables au toucher. Pas de fioriture. L’agencement est sommaire et on ne s’embarrasse pas de boutons inutiles, à contrario de ce qui se fait ailleurs. Deux tirettes assurent le contrôle de la climatisation/ventilation, l’autoradio juste en dessous… et basta! L’horloge analogique a été rajoutée par un ancien propriétaire pour combler l’absence de l’autoradio d’origine affichant l’heure.

Brut de décoffrage, conçu en blocs et allant à l’essentiel, ce tableau de bord ressemble en fait à un cockpit d’avion.

Tout le reste concerne le pilote. Et c’est de son côté que le charme opère. L’instrumentation (compte-tours, température moteur, pression d’huile, tension de la batterie) est complète et sans chichi, encadrée par deux gros blocs sortis de nulle part comprenant les commandes de phares et warning à gauche et l’allume cigare à droite. Brut de décoffrage, conçu en blocs et allant à l’essentiel, ce tableau de bord ressemble en fait à un cockpit d’avion. Une comparaison plutôt flatteuse sur le plan des performances. Le volant à trois branches s’accommode bien avec l’ambiance. L’année suivante, il sera remplacé par un volant à airbag pas sportif pour un sou. La console centrale accueille le levier de la boite automatique, du frein à main et les commandes des vitres électriques. Il se termine par un accoudoir abritant un vide poche, rare rangement à bord (avec le petit coffre).

Polyvalente malgré ses attributs sportifs

Elle a le poste de pilotage d’un avion de chasse mais le ramage se rapporte t-il au plumage? Un coup de clé et la double ligne (d’origine) vrombit et reste calée dans les graves. On a bien affaire à un V8 américain au repos. Le bloc en question est le fameux 305ci (5,0l) maison qui n’a rien à voir avec celui d’une bonne vieille Chevrolet Caprice lorsqu’on soulève le capot. A la place de la traditionnelle gamelle de filtre à air, on trouve le fabuleux « Tuned Port Injection » emprunté à la Corvette. Cette usine à gaz optimise l’injection pour faire gagner 25 chevaux au moteur. Sur cette Camaro, nous obtenons donc une puissance totale de 195 chevaux aux roues arrières. Jumelé à une boite automatique TH700 à 4 rapports et à un rapport de pont long de 2.73, ce V8 – code LB9 – assurerait le 0 à 100 en 7.8 secondes. Des performances bien suffisantes pour un cruising un brin « musclé ». GM aurait jugé trop dangereux de faire encaisser plus de chevaux au châssis du cabriolet. Pour se rapprocher de l’avion de chasse, il faudra plutôt opter pour le V8 350ci (5,7l) dégageant 68 Nm de couple (468 VS 400 Nm) et 45 chevaux supplémentaires ou bien la plus radicale et rare version « 1LE ». Proposée dès 1988, son 305ci peut atteindre les 304 chevaux en choisissant les bonnes options.

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Rien à voir avec un V8 305ci classique: le « Tuned Port Injection » offre 25 chevaux en plus.

A vitesse de croisière, le V8 de notre modèle d’essai se fait plus discret et remonte nettement dans les graves dès qu’on le sollicite… Comment résister? On apprécie le confort des suspensions et des assises (avant) malgré une fermeté logiquement plus prononcé que sur une berline à mémé. Les américains tiennent à un minimum de bien-être. On se verrait bien rallier Paris à la Côte d’Azur en bonne compagnie.

c’est la révélation lorsque son regard croise la Camaro étincelante dans le garage du vendeur

Cet exemplaire a été importé par un particulier en France en 2001, après une dizaine d’années sous le soleil de Floride. Son rare état d’origine a attiré mon attention. La Camaro 3ème génération fait parti de ces voitures américaines ultra modifiées voire massacrées aux 4 coins du globe. Longtemps mal aimée, elle commence à gagner en intérêt auprès des passionnés profitant de l’engouement récent pour ce qu’on appelle les « youngtimers ». Les versions spéciales comme cette IROC-Z cabriolet – seulement 9.000 exemplaires de 1987 à 1990 – ont plus que jamais une carte à jouer. Raja, 27 ans, est le propriétaire actuel de la voiture. Habitant la Seine-et-Marne, il rêve depuis plusieurs années de sa voiture américaine, et particulièrement de sa Camaro.

Enchaînant les visites infructueuses, c’est la révélation lorsque son regard croise la Camaro étincelante dans le garage du vendeur: « C’était il y a un an. Dès que je l’ai vu, j’ai su que c’était la bonne. » Et, en effet, la visite se déroule on ne peut mieux: « La voiture est en super état. Le moteur tourne bien et le vendeur m’apporte une pile de factures ». Pas spécialement à la recherche d’une version particulière, Raja jubile davantage quand il s’aperçoit que c’est une vraie IROC-Z, numéro de série à l’appui. Aujourd’hui, il sort dès qu’il peut avec sa belle, au gré des cruisings entre potes et autres rencards d’Ile-de-France.

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Raja tient à conserver sa Cam’ dans son parfait état d’origine.

Merci à Raja pour le temps consacré. On lui souhaite une longue route à bord de sa Camaro !

En 1989, Fine Young Cannibals et leur « She drives me crazy » inondent les stations de radio américaines.

Spot publicitaire de 1986. Musique de champion, accélérations, belles nanas qui vous mattent, l’IROC-Z est la voiture du héros de l’Amérique.

3 Commentaires

  • Jazz
    3 septembre 2016

    Je m’appelle Jason et je me sens offensé par cet article 😉

    Très bon blog, et voiture présentée très sympa, même si je rêverais plus d’une T-Top bleu à bande blanche.

  • Williamson
    1 juin 2017

    Superbe article ! Possédant moi même une Iroc-Z coupé de 86 avec le même 5.0 litres TPI, je ne peux qu’approuver tout ce qui a été dit là ^^

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