DeLorean: et si on en faisait trop ?
Dans pas mal de domaines, il y a des institutions qu’on peut difficilement critiquer sans passer pour un inculte. La DeLorean en fait partie. Et pourtant.
Ne pas aimer la DeLorean, c’est comme renier le camembert et le pinard en bon français. Issue d’une saga de films hyper ancrée dans ce qu’on appelle la « pop culture », on est vraiment pas cool quand on crache sur cette icone que représente la machine à voyager du Doc Emmett Brown. Présentée dans tous les torchons masculins trendy type GQ ou Lui comme la voiture à avoir, l’une des meilleures bagnoles au monde, la caisse la plus cool jamais produite et comparée à des super-cars ou de vraies raretés – comme ils le font aussi régulièrement avec la Mustang – je grince des dents presque à chaque fois. En ont-ils déjà essayé une?
Quand on creuse un peu plus loin et qu’on lui retire son aura hollywoodienne, on s’aperçoit que la DeLo est loin d’être une bagnole de rêve. Son look est indiscutablement dingue dans sa globalité même s’il n’est pas inédit et nous rappelle une certaine Lotus Esprit – rendue célèbre par un James Bond – et auquel on aurait greffé un avant de Chevrolet Cavalier ou de R11. Sa carrosserie gris aluminium et ses portes papillon ne sont pas non plus une exclusivité en soi mais contribuent à son apparence de vaisseau spatial à une époque où Star Wars cartonne au box office. Point de vue design, on sera d’accords pour dire que cette caisse est un OVNI et qu’elle mérite qu’on s’y attarde, qu’on la trouve belle ou à gerber. L’histoire toute aussi folle de la firme créé par John DeLorean sera appréciée des collectionneurs au rang des anecdotes. Mais arrêtons là avec tout ce que le commun des mortels sait de la DeLorean ou peut trouver sur Wikipedia. Parce que l’original ne voyage pas dans le temps, ça donne quoi d’en conduire une en vrai?
Je vais être honnête avec vous. Je n’en ai jamais conduit (bouhouuuu) et je doute qu’on m’en prête une après cet article mais j’ai croisé des données techniques et tests drive d’époque papier et vidéo pour en arriver à la conclusion suivante: ça casse pas 3 pattes à un canard. Pas de V8 amerloque sous le capot comme on pourrait le penser mais un V6 2,8l PRV (Peugeot-Renault-Volvo) de derrière les fagots à la mélodie aussi envoûtante qu’une Renault 5 au silencieux percé. Côté performances, on comprend la difficulté à atteindre les 88 miles par heure (environ 140 km/h) sur une courte distance. Les 130 chevaux ne font pas de miracle, qu’ils soient accouplés à une boitoto 3 vitesses pas très pressée ou une manuelle à 5 rapports. Enfin, y a pas que la beauté extérieure qui compte et c’est bien dommage pour la DeLorean. Comme en Europe en ce temps là, c’est la fête de l’austérité avec du bon plastoc noir partout et une fonctionnalité qui semble avoir pris le pas sur l’esthétique. Donc si vous comptez passer un peu de temps à son volant, ne vous attendez pas à un pur instant de folie, sauf à vous admirer dans le reflet d’une vitrine pour vous rappeler que vous ne conduisez pas un vieux coupé Mazda.
Parce qu’une voiture s’apprécie aussi pour le plaisir de la conduire et l’ambiance à bord, la DeLorean DMC-12 ne titille ma curiosité que grâce à la saga Retour vers le futur que j’ai adoré. Sortie du contexte, y a vraiment pas de quoi en faire toute une histoire.