L’automobiliste, ce bouc émissaire au nom de l’écologie

L’automobiliste, ce bouc émissaire au nom de l’écologie

Malus écologique, augmentation des taxes sur les carburants, interdictions de circuler… jamais auparavant, le propriétaire d’une voiture n’a été soumis à une telle pression, et ce, malgré peu d’alternatives.

On l’a compris. La voiture est le « grand méchant » de la société moderne. Ce moyen de transport « puant », « égoïste » n’a rien à faire dans un pays où les transports en commun propres desservent l’intégralité du territoire avec une ponctualité et un confort irréprochables tout en garantissant un accès optimal aux personnes handicapées. Il est cependant toléré que les derniers « égoïstes » fassent l’acquisition d’un véhicule personnel, à condition qu’il soit électrique; la France produisant suffisamment de cette énergie grâce à ses nouvelles centrales plus propres et plus productives que la désuète technologie nucléaire. Tout ceci est évidemment ironique et dénonce toute l’hypocrisie des politiques actuelles.

Entre croissance économique et volonté écologique

Les marques automobiles françaises ont longtemps démontré leur savoir faire en matière de moteurs diesel. L’Etat leur a filé un bon coup de pouce en réduisant la taxe sur le gasoil pour inciter les français à booster la croissance de l’industrie nationale ! Des études révèlent déjà que ces moteurs rejettent des particules nocives pour l’homme mais on attendra le début des années 2000 pour installer des filtres à particules. Ouf, le moteur diesel est sauvé !

Jusqu’à ce que monsieur Dupont encrasse son filtre et étouffe son moteur à force de petits trajets en ville… Qu’il est con, monsieur Dupont ! Il suffit de régénérer son filtre de temps à autre sur autoroute… ou de changer son filtre… ou bien de le retirer carrément, c’est encore mieux ! Des sociétés sont même spécialisées dans le « défappage ». Sinon, un commercial aurait pu lui vendre un moteur essence au vu de son utilisation mais la concession ne l’y encourageait pas, avant très récemment. Et puis, monsieur Dupont a des années de propagande diesel dans la tête donc pas besoin de lui refaire le speech.

Par la suite, les constructeurs redoublent d’inventivité en ajoutant l’AdBlue. En plus de faire son plein de gasoil, monsieur Dupont devra penser à faire celui du liquide bleu qui retient les dangereuses particules. Monsieur Dupont a maintenant une usine à gaz sous le capot – plus complexe et coûteuse à entretenir qu’un moteur essence – avec un prix d’achat supérieur et deux pleins à faire. On peut se questionner sur la rentabilité de l’opération mais que valent quelques milliers d’euros pour une planète qui respire ?
La publicité persuaderait presque monsieur Dupont que rien n’est plus propre qu’un diesel dernière génération…

… Sauf qu’arrive le scandale des moteurs truqués ! Le fameux « diesel gate » qui nous apprend que nos diesels adorés mentent sur leurs émissions en conditions réelles. Les plus gros constructeurs sont dans la combine, tiraillés entre faire du blé et répondre aux exigences exigeantes de la commission européenne. L’affaire prend de l’ampleur à mesure qu’on annonce les constructeurs concernés. On ressort alors tous les vieux dossiers sur le diesel polluant et on le désigne définitivement comme le plus gros danger sanitaire du moment, annonçant des interdictions de circulation strictes dans les années à venir. Diesel is dead !

La voiture électrique, l’arme de communication ultime

Chez les écolo extrémistes, on accepte encore l’idée d’une bagnole personnelle, si et seulement si elle est électrique. On se fiche de comment faire face à une demande électrique croissante – et mort au nucléaire ! – ni même comment elle sera fabriquée. Cette voiture électrique géniale ne fait pas de bruit et n’a pas de vilain pot d’échappement fumant. Elle est là sans être là. C’est beaucoup plus agréable pour les balades en ville en tant que piéton. C’est toute la magie de l’électrique : convaincre en un coup d’œil le passant lambda. Pas de fumée, la planète est sauvée ! C’est l’arme de communication ultime.

Anne Hidalgo, Nicolas Hulot et leurs copains semblent l’avoir bien compris. En politique, un message clair et concis vaut mieux qu’un long discours pour faire croire à sa détermination. Pas d’intérêt à proposer le développement d’énergies alternatives, variées et complémentaires (éthanol à base d’algues, hydrogène, GPL et j’en passe) quand on peut tout mettre dans un mot: ELECTRIQUE. Les solutions électriques actuelles ne conviennent pas à la majorité des besoins et posent de vraies problématiques écologiques dans leur conception même (fabrication des batteries au lithium notamment). La technologie est à peine maîtrisée par les constructeurs qu’on leur demande de passer à l’étape supérieure en un claquement de doigt, des aveux mêmes de Carlos Tavares, patron de PSA.

On sait que sous la contrainte, des avancées significatives peuvent être attendues des industriels qui y mettront alors davantage de moyens mais pourquoi prendre le consommateur en otage avant même des résultats concrets et une offre digne de ce nom ? Pourquoi privilégier une technologie – au détriment des autres – dont l’avenir est incertain (tiens, ça nous rappellerait pas l’histoire du diesel ?) ? Concrètement, je veux acheter une voiture demain et l’offre électrique actuelle ne répond pas à mes besoins. Quel choix me reste t-il pour ne pas me retrouver noyé sous les taxes et autres interdictions, aujourd’hui ou demain ? Il est grand temps que nos politicards « écolo de comptoir » soient en phase avec la réalité mais cela impliquerait un VRAI dialogue et de profondes remises en question. En sont-ils prêts ?