Monaco / Fury : les dernières berlines à très gros V8
Dans les séries télé américaines, les bagnoles de second rôle m’intéressaient souvent plus que celles du personnage principal. Dans le lot, un paquet de Monaco / Fury 1977-1978, toujours prêtes pour l’abattoir !
Quand Chrysler sort la dernière descendante des C-bodies pour l’année modèle 1977, on sent que le groupe touche le fond ! Le fuselage look usé jusqu’à la corde repart pour deux ans supplémentaires sous sa forme la moins gracieuse. Moins profilées que leurs ancêtres, les Fury / Monaco affichent des courbes qui alourdissent la ligne générale et leur donnent un air incroyablement démodé à l’aube des eighties et du curbdesign.
« Has been » née
Chevrolet enfonce le clou au lancement de sa nouvelle Caprice fin 1976 qui devient la chouchoute de la presse avec son lot d’innovations dans l’ère du temps. La ligne est très anguleuse, le gabarit est réduit sans nuire à l’espace intérieur et les V8 big block disparaissent au profit de moteurs plus petits mais qui offrent un bien meilleur rapport performances/consommation. Les Dodge Monaco / Plymouth Fury 1977-1978 font donc pâle figure, aussi bien esthétiquement que techniquement. L’habitabilité est ridicule compte tenu de ses dimensions extérieures, la qualité de fabrication n’est pas au rendez-vous, le châssis est une antiquité tout comme la gamme de moteurs qui n’a que très peu évolué au fil du temps. A l’image de la Ford Crown Victoria, c’est un modèle qui ne trouvera donc un intérêt qu’auprès des services de police, compagnies de taxis et autres professionnels de par son prix de vente peu élevé. Il y a bien eu une version haut de gamme – Brougham – avec seconde couche de chromes, toit vinyle et options à gogo mais à condition d’avoir droit à un super rabais ou d’être fidèle à son dealer Dodge, ce n’était pas le modèle le plus attrayant du moment.
Espèce en voie de disparition
Un véhicule pareil ne pouvait être qu’un candidat idéal pour exploser dans des séries télé et un paquet de navets du 7ème art. Ainsi, malgré une forte production, les exemplaires survivants de Monaco / Fury de cette génération se font rares aujourd’hui ; et je ne parle même pas du Saint-Graal, celles équipées du V8 440 qui – quand elles ont survécu – ont souvent fait don de leur moteur à un autre véhicule. Les L6 225ci (3,7l), V8 318ci (5,2l), 360ci (5,9l) et 400ci (6,6l) étaient également proposés à l’époque avec des puissances assez modestes en cette fin des années 1970. Néanmoins, le 440 – encore très vif – restait apprécié des flics. 250 chevaux, 435 Nm de couple, … les chiffres ne sont pas très parlants mais ce moteur en surprend plus d’un sur la route !
Donneuse d’organes
Voilà 2-3 ans que je scrute les petites annonces de Plymouth Fury / Dodge Monaco 1977-1978 à la recherche d’une version police équipée du fameux big block. Je tombe soit sur des épaves – des vraies – soit sur des « état concours » hors de prix. Reste bien quelques spécimens en 318ci voire 360ci (lire la Plymouth Fury de Solange) mais j’aimerais à la fois retrouver ces lignes que j’adore et les mouvoir avec un block qui en fait un pur sleeper, à la manière des Monaco civiles qui se fondaient dans la circulation. Pour ça, rien ne vaut un 440 ! J’ai donc laissé de côté l’idée d’en avoir une, un small block me donnant le sentiment d’un rêve pas complètement abouti. En attendant, je me lasse pas de la revoir en photos ou à la télé et de vous partager ces quelques images.
McCloud
Cette has-been avait une sacrée gueule ! Le pendant Mopar de la Ford LTD et de la Mercury Marauder, la caisse légendaire de Rick Hunter, le flic de choc des années 80, silhouette familière des thrillers et des derniers polars blaxxploitation.
Si vous m’autorisez une suggestion : un article sur le cascadeur-acteur-metteur en scène H.B. Halicki, à qui l’on doit la première version de « Gone in 60 seconds »(https://www.youtube.com/watch?v=9FAGgg6Rmrw), « The Junkman » (https://www.youtube.com/watch?v=ZfUIrqCC9uk), « Deadline Auto Theft » et le moins connu « Love Me Deadly ». Les amateurs d’Américaines classiques et de big-blocks s’y retrouveront. Dans le même esprit, ce fantastique road-movie qui était passé inaperçu en France à sa sortie en 1971, « Vanishing Point » (https://www.youtube.com/watch?v=pA4ymmXa8rs) qui a fait l’objet d’un remake en téléfilm (que je trouve plutôt réussi) en 1997 : (https://www.youtube.com/watch?v=-Z6Cj-1HkbI).
Chuck Jordan
C’est vrai qu’on voit beaucoup de modèles de ce genre dans les films de H.B. Halicki mais j’ai beaucoup de mal avec cette obsession pour la destruction, certains scénarios étant de purs prétextes à broyer de la bagnole exagérément.
Dominique
J’ai possédé un Plymouth Fury Sport (2 portes). Jolie voiture mais le moteur 318 pouce cube était poussif,
Les performances du 360 à peine meilleure.
L’allumage électronique, ( electronic lean burn) et le catalyseur avait éteint toute sportivité de ces engins…
Michel barbeton
Bonjour moi possède une monaco 78 2 porte malheureusement j ai que le 318 ci dedans mais je trouve ça ligne superbe
Fays
La caisse de Rick Hunter 😉
Je la trouve vraiment terrible, elle est massive, lourde, puissante et malgré son look « has been » perso j’adore ce style !
De tte façon, ttes les berlines de ces années la, que ce soit Ford, Chevrolet, Dodge (Chrysler), Cadillac … je kiffe trop, de vrais tank !
J’aimerai vraiment en posséder une un jour, peut-être une Caprice Classic police package banalisé avec les « gamelles » ou comme toi une Monaco 440ci, le top, cest tellement la classe tellement imposant… tu débarque avec ça à un feu sur un boulevard, départ arrêter tu mes pieds au plancher au feu vert le kiffe !
Un jour peut être 🙂
Super article en tt cas.
Chuck Jordan
C’est exactement ça : une « banale » berline des seventies qui crame de la gomme sans forcer. 😀
Maintenant que 90% a été bousillé, les rares exemplaires en big block ne se donnent plus malheureusement. 🙁
Pierre
Il paraît qu’on a envoyé à la casse beaucoup de ces berlines full-size des années 70 juste pour satisfaire le penchant écologiste de beaucoup d’électeurs américains, par rapport à la consommation d’essence excessive de ces bagnoles. J’avais entendu une histoire de ce genre, qui racontait que des élus locaux ordonnaient ces mises au rebus pour se donner des airs écolos, avec des carrément des décrets ou équivalents. Ca vous dit quelque chose ?
Chuck Jordan
Jamais entendu parler. Ce que je sais, c’est que ces voitures – comme les Crown Victoria plus récentes – n’étaient considérés que comme des outils de travail simples et robustes, qu’on jette à la poubelle sans aucun regret après quelques années de loyaux services et une valeur de revente ridicule. Parfaites clientes pour des cascades hollywoodiennes donc !