Voitures anciennes et flambeurs : juste le temps d’un flirt
L’automobile est depuis longtemps considérée comme une vitrine de sa réussite sociale. Pour certains, c’est cette recherche d’image qui prime sur le reste; au détriment d’une plus grande motivation !
Ferrari, Lambo, Porsche… BM pour les moins riches. Voilà quelques unes des marques qui viennent en tête pour la plupart des gens en quête d’un peu de plaisir… et de beaucoup de frime (pas que, biensûr) ! Puis il y a ceux qui en ont marre d’acheter la même bagnole d’homme/femme « accompli(e) » que tout le monde s’arrache. Marre de croiser 10 fois la même caisse dans les beaux quartiers. Les plus rebelles iront carrément taper dans un modèle ancien un peu exotique… mais gare aux déconvenues quand la passion n’est pas au rendez-vous !
« Ma philosophie ? Tu ne vis pas pour que les gens ne te voient pas. »
Stanislas est blasé de sa Jaguar, surtout depuis que son pote d’enfance s’est offert la même. Il craque alors pour une Camaro des sixties sur Leboncoin. Sa ligne est d’enfer et le vrombissement du V8 donne des complexes à bien des sportives italiennes. Les roues arrières patinent à chaque démarrage. Stanislas est fier quand il sort sa Cam’. Impossible de passer inaperçu. Sauf que l’auto – jamais restaurée – accuse le poids des années. Des petits dysfonctionnements apparaissent au fur et à mesure des balades (commandes de chauffage, frein de parking…). Pas de quoi mettre la caisse en carafe mais pas de quoi rassurer notre Stanislas, bien qu’il ne l’utilise qu’occasionnellement.
« Fais chier ! C’est quoi encore ce claquement ? »
A chaque démarrage, Stanislas éprouve un mélange de plaisir et d’angoisse. Le plaisir d’apprécier la mélodie, le charme de l’époque et l’angoisse d’une mécanique aussi présente dans l’habitacle par sa mélodie et les vibrations qu’elle génère. Adieu l’ambiance feutrée des voitures premium modernes où la mécanique est presque totalement dissociée de l’habitacle. Dans une Cam’ de 1967, le moindre soubresaut du V8 se ressent. De quoi devenir parano quand on n’a pas l’habitude et quand la passion ne prend pas le pas sur le reste.
Pour Stanislas, l’histoire tourne court. Les petites pannes répétées ont eu raison de sa motivation à rouler en ancienne bien qu’il ait toujours pu rouler. Non pas que son mécano le ruine mais il a la boule au ventre dès qu’il s’éloigne trop de chez lui par peur qu’une nouvelle panne apparaisse. Pourtant, plus de problème à signaler depuis quelques temps mais c’est trop tard : le manque de passion dans son achat a raison de sa motivation. Il retrouve alors très vite l’univers feutré de ses berlines modernes.
« J’ai eu une vieille Camaro et c’était vraiment de la merde comparé à ma M3. »
Il pourra toujours raconté lors d’un repas qu’il a possédé « une Camaro des années 1960 à une époque », avec le souvenir d’une voiture cool mais « pas aussi fiable que ma BM neuve ».
Dans l’univers de la voiture ancienne s’opère une sorte de sélection naturelle où seuls les plus mordus tiennent bon malgré un parcours rarement dénué d’embûches. Pour ceux-là, la récompense finale est telle que les heures de galère sont presque oubliées !
« Oh, laissez ! J’ai l’habitude. »